Mopti. Tout est opaque, la couleur dominante est le marron : le ciel, le fleuve, la plage, l’eau, le sable. Je suis assise sur un bidon de plastique en attendant une raie de lumière qui tarde à arriver; j’en ai besoin pour prendre des photos du marché qui s’anime. A côté de moi une fillette aux longues tresses style rasta qui caresse mes cheveux blonds, inusuels pour elle.
Mon attention est attirée par un âne qui est dans l’eau, chargé de façon invraisemblable, la tête baissée, le corps couvert de plaies, les yeux tristes et, je crois, pleins de larmes. Tout d’un coup je pense à Brigitte Bardot, qui a été le symbole à imiter pendant ma jeunesse, et à sa bataille pour défendre les ânes après des années passés à faire du cinéma.
Quel destin d’âne ont les ânes ici à Mopti : maltraités, battus sur les flancs, sur le nez, sur les jambes, sans pitié, par des jeunes qui semblent se venger sur eux d’avoir le même destin. Être ignorés, maltraités et sans aucun espoir que cela change.
Se venger sur plus faible que soi, voilà une constante de l’espèce humaine qui est méprisable et pourtant séculaire !